2014 Traversée vers les Galapagos (avril)
Après avoir passé le Canal de Panama, nous sommes impatients de poursuivre le voyage vers des destinations qui nous ont tant fait rêver. C'est pourquoi au bout de quelques jours passés aux îles de Las Perlas, nous décidons d'entreprendre la traversée vers les Galapagos sans plus attendre. On décide de profiter des deux jours de vents encore annoncés avant une période de calme.
C'est une traversée redoutée par les navigateurs pour ses courants contraires et ses zones de calmes qui peuvent prolonger très longuement le trajet.
C'est donc en fin d'après-midi après avoir pris un dernier bulletin météo, que nous partons accompagnés par une multitude de dauphins. Le Golfe de Panama est très poissonneux et est connu mondialement par les amateurs de pêche sportive. Le courant froid de Humbolt qui remonte le long de l'Amérique du Sud est très riche en plancton. La mer n'est pas transparente et ressemble plutôt à une soupe épaisse par endroit. D'ailleurs la nuit notre sillage s'illumine de l'éclat phosphorescent de ces planctons et c'est assez magique comme spectacle.
C'est une traversée redoutée par les navigateurs pour ses courants contraires et ses zones de calmes qui peuvent prolonger très longuement le trajet.
C'est donc en fin d'après-midi après avoir pris un dernier bulletin météo, que nous partons accompagnés par une multitude de dauphins. Le Golfe de Panama est très poissonneux et est connu mondialement par les amateurs de pêche sportive. Le courant froid de Humbolt qui remonte le long de l'Amérique du Sud est très riche en plancton. La mer n'est pas transparente et ressemble plutôt à une soupe épaisse par endroit. D'ailleurs la nuit notre sillage s'illumine de l'éclat phosphorescent de ces planctons et c'est assez magique comme spectacle.
La vie à bord s'organise et dès que l'eau est moins riche en matière organique, on met le dessalinisateur en route. Il fabrique 200 litres d'eau douce par heure, ce qui est un luxe. Les enfants sont de corvée pour le remplissage et le rangement des bouteilles d'eau pour la boisson. Nous la récoltons dans un bidon afin que l'eau que nous buvons ne passe pas par les réservoirs.
Les cargos sont nombreux les 3 premiers jours et l'on maintien nuit et jour une veille très attentive. Heureusement, car nous évitons ainsi un gros arbre avec ses branches passé à 15 mètres de notre bateau qui filait à 7.5 noeuds. On a eu chaud! On observe à plusieurs reprises de larges zones de déchets flottants, probablement des cargos peu scrupuleux qui préfèrent vider leurs poubelles à la mer plutôt qu'une fois arrivés à destination.
Le Golfe de Panama est aussi une zone très surveillée par les gardes-côtes à cause du trafic de drogue en provenance de la Colombie. Nous sommes survolés à plusieurs reprises par des avions des gardes-côtes, à chaque fois je demande aux enfants de sortir sur le pont pour qu'ils voient que nous sommes des "gentils"! A ce propos, aux Perlas sur une île déserte autrement, nous avons vu une ancienne propriété appartenant à des narcotraficants qui a été transformée maintenant en base pour la lutte anti-drogue!
Le vent annoncé s'éteint peu à peu au bout de trois jours durant lesquels on a avancé vite, porté par le courant de Panama. On a mis toute la garde-robe d'Oniva: gennaker, parasailor, voiles normales et on a recommencé plusieurs fois. Le soir, Huaras est très fatigué de toutes ces manoeuvres pour essayer de tirer profit au maximum du vent tant qu'il y en a.
Le 4ème jour on a 2 noeuds de courant contraire. Alors, inlassablement on tire des bords une fois en direction du continent, une fois en direction des Galapagos ou même vers des îles Coco. A un moment on ne sait plus bien où on va, car ce n'est pas du tout où l'on veut aller. On trouve qu'il est trop tôt pour mettre le moteur car on ne sait pas si on aura assez de fuel pour le reste du trajet et surtout on a horreur de ça. La navigation au moteur contre les vagues, c'est très inconfortable, ça tape et c'est bruyant. Ce jour-là on n'avance pas, on va à 3.5 nds et il y a 2 nds de courant contraire, le contre-courant équatorial. C'est la première fois qu'on est démoralisé à ce point en navigation. Alors on décide de faire cap sur le fameux rocher de Malpelo. Cela donnera de l'intérêt à notre journée, un but à atteindre et peut-être quelques heures de répit à l'ancre.
Les cargos sont nombreux les 3 premiers jours et l'on maintien nuit et jour une veille très attentive. Heureusement, car nous évitons ainsi un gros arbre avec ses branches passé à 15 mètres de notre bateau qui filait à 7.5 noeuds. On a eu chaud! On observe à plusieurs reprises de larges zones de déchets flottants, probablement des cargos peu scrupuleux qui préfèrent vider leurs poubelles à la mer plutôt qu'une fois arrivés à destination.
Le Golfe de Panama est aussi une zone très surveillée par les gardes-côtes à cause du trafic de drogue en provenance de la Colombie. Nous sommes survolés à plusieurs reprises par des avions des gardes-côtes, à chaque fois je demande aux enfants de sortir sur le pont pour qu'ils voient que nous sommes des "gentils"! A ce propos, aux Perlas sur une île déserte autrement, nous avons vu une ancienne propriété appartenant à des narcotraficants qui a été transformée maintenant en base pour la lutte anti-drogue!
Le vent annoncé s'éteint peu à peu au bout de trois jours durant lesquels on a avancé vite, porté par le courant de Panama. On a mis toute la garde-robe d'Oniva: gennaker, parasailor, voiles normales et on a recommencé plusieurs fois. Le soir, Huaras est très fatigué de toutes ces manoeuvres pour essayer de tirer profit au maximum du vent tant qu'il y en a.
Le 4ème jour on a 2 noeuds de courant contraire. Alors, inlassablement on tire des bords une fois en direction du continent, une fois en direction des Galapagos ou même vers des îles Coco. A un moment on ne sait plus bien où on va, car ce n'est pas du tout où l'on veut aller. On trouve qu'il est trop tôt pour mettre le moteur car on ne sait pas si on aura assez de fuel pour le reste du trajet et surtout on a horreur de ça. La navigation au moteur contre les vagues, c'est très inconfortable, ça tape et c'est bruyant. Ce jour-là on n'avance pas, on va à 3.5 nds et il y a 2 nds de courant contraire, le contre-courant équatorial. C'est la première fois qu'on est démoralisé à ce point en navigation. Alors on décide de faire cap sur le fameux rocher de Malpelo. Cela donnera de l'intérêt à notre journée, un but à atteindre et peut-être quelques heures de répit à l'ancre.
Le voilà qu'il apparaît majestueux au milieu de nulle part. Sa masse sombre et imposante nous impressionne. Des milliers d'oiseaux volent, pêchent, couvent. C'est grandiose. Mais la garnison colombienne installée dans un "nid d'aigle" sur le rocher ne nous laisse pas longtemps loisir de flâner. A 6 miles du rocher elle nous demande de nous identifier, tout y passe, n° de passeport de chacun, papiers du bateau, le tout en espagnol à la radio VHF. Messieurs, nous sommes juste une petite famille un peu fatiguée qui aimerait pouvoir se reposer un moment à l'abri du rocher.
Après moultes palabres, les militaires sont d'accord que nous passions la nuit accrochés à couple d'un bateau de plongée, mais à condition qu'ils puissent venir faire une inspection du bateau et remplir des papiers. Je pose la question au Capitaine. Vous devinez la réponse, n'est-ce pas?
On n'est pas d'humeur de se faire inspecter et de remplir des papiers dans une mer qui remue et avec maintenant le jour qui commence à tomber. Et ce qu'ils nous proposent pour passer la nuit nous tente finalement moins que continuer notre navigation.
Après moultes palabres, les militaires sont d'accord que nous passions la nuit accrochés à couple d'un bateau de plongée, mais à condition qu'ils puissent venir faire une inspection du bateau et remplir des papiers. Je pose la question au Capitaine. Vous devinez la réponse, n'est-ce pas?
On n'est pas d'humeur de se faire inspecter et de remplir des papiers dans une mer qui remue et avec maintenant le jour qui commence à tomber. Et ce qu'ils nous proposent pour passer la nuit nous tente finalement moins que continuer notre navigation.
Ce rocher de 280 mètres de haut et de 1.5km de long sur 600m de large appartient à la Colombie qui le garde jalousement, ainsi cela lui permet d'aggrandir considérablement ses eaux territoriales. Il n'y a pas un mètre carré sans oiseau. D'ailleurs, durant toute cette traversée nous aurons été suivis par de nombreux oiseaux. La propreté du pont s'en est ressentie.
C'est une réserve naturelle avec l'une des plus grande concentration au monde de requins-marteaux. Un spot de plongée pour les plongeurs passionnés car les courants y sont importants et l'approche difficile (4 jours de navigation). Pour accoster le rocher, il n'y a qu'une possibilité, c'est via une échelle accrochée à une passerelle suspendue au-dessus de la mer. Et autrement il n'y a qu'une bouée pour l'unique bateau de plongée autorisé à la fois. On le savait avant de venir car on s'était renseigné, mais la curiosité était trop forte. Tant pis, on fini d'en faire le tour, d'observer les oiseaux et de voir si l'on aperçoit des requins, puis on rappelle à la radio la garnison pour décliner l'offre. Mais pas de réponse! 5 minutes après on voit arriver les militaires dans une petite barque à moteur, munis d'appareils de photos pour les uns et de mitraillettes pour d'autres. On leur sourit et on leur dit que finalement on préfère continuer notre route, car la mer bouge trop. Ils sont gentils et nous disent au revoir en souriant, à part ceux qui sont armés! On aura été leur distraction du jour.
A ce moment-là on a l'impression qu'on a fait un peu beaucoup de ramdam pour rien, pour qu'ils se déplacent si nombreux. Mais en même temps ils n'avaient pas l'air du tout contrariés. Alors on repart requinqué par la vue d'un morceau de terre, aussi austère soit-il, et l'on part pour une longue nuit de navigation à lutter encore contre les courants. La situation ne deviendra plus favorable que deux jours après lorsqu'on aura réussi enfin à descendre plus au sud pour échapper aux courants contraires et attraper un meilleur vent.
A ce moment-là on a l'impression qu'on a fait un peu beaucoup de ramdam pour rien, pour qu'ils se déplacent si nombreux. Mais en même temps ils n'avaient pas l'air du tout contrariés. Alors on repart requinqué par la vue d'un morceau de terre, aussi austère soit-il, et l'on part pour une longue nuit de navigation à lutter encore contre les courants. La situation ne deviendra plus favorable que deux jours après lorsqu'on aura réussi enfin à descendre plus au sud pour échapper aux courants contraires et attraper un meilleur vent.
Le 12 avril au matin, Huaras nous annonce qu'on va franchir l'équateur aujourd'hui dans la matinée. Alors on s'active à la préparation de nos déguisements de Neptune et autre Poséidon. Tout le monde participe et comme cela nous prend plus de temps que prévu, on modifie un peu le cap pour passer l'Equateur lorsque les déguisements seront prêts.
La joie est à son comble. Les enfants y vont chacun de leur explication. Nils se demande si on verra "la ligne" et si cela ne va pas stopper Oniva. Tim a peur que l'Equateur ne coupe la Terre en deux et qu'il y ait un grand fossé à franchir. Finalement le grand moment tant attendu arrive à 12h11 lorsque le dernier zéro apparaît sur le GPS.
La joie est à son comble. Les enfants y vont chacun de leur explication. Nils se demande si on verra "la ligne" et si cela ne va pas stopper Oniva. Tim a peur que l'Equateur ne coupe la Terre en deux et qu'il y ait un grand fossé à franchir. Finalement le grand moment tant attendu arrive à 12h11 lorsque le dernier zéro apparaît sur le GPS.
Une bouteille de mousseux est ouverte. Chaque enfant a droit d'en boire une goutte, car on n'a pas trouvé de Rimuss à Panama. Estelle adore!
Un grand verre est donné en offrande à Dame la Mer pour la remercier d'avoir été clémente, même si parfois capricieuse avec nous et pour qu'elle continue ainsi pour la suite du voyage. Puis, on déguste des petits toasts au foie gras truffé du Périgord. On l'avait acheté il y a plus de 6 mois en Martinique en prévision de ce moment faste. Tout le monde est très fier de ce passage et a le sentiment d'un grand moment. Un mail reçu des parents de Delphine mentionne qu'ils ont ouvert une bouteille avec sa soeur Caroline et sa famille a notre santé. Cela nous fait chaud au coeur.
Tim le petit pêcheur.
Estelle la princesse.
Voici la galerie de portrait des jubilaires. Nils le premier mousse.
Notre fier Capitaine qui a enlevé sa barbe de Neptune.
Et votre fidèle reporter de ces grands moments vécus en famille.
Ensuite les festivités se poursuivent par une expérience "scientifique": Nous cherchons à voir comment l'eau tourne à l'Equateur et quand change-t-elle de sens en se vidant dans l'évier de la cuisine?
Comme il y a peu de vagues et de vent on peut la réaliser. Pour cela on demande au Capitaine de passer de part et d'autre l'Equateur 6 fois pour bien pouvoir observer le phénomène. Les résultats ne se font pas attendre:
à 0°00'000 S l'eau tourne dans le sens contraire des aiguilles d'une montre
à 0°00'300 S l'eau ne tourne plus, elle semble couler tout droit dans le siphon
à 0°00'450 S l'eau tourne dans le sens des aiguilles d'une montre
Ces résultats n'ont pas encore été publiés dans le Scientific American Journal, mais l'article est en cours de validation!
Heureusement qu'aucun bateau des coast-guards n'a suivi notre sillage, sinon on aurait eu un retrait de permis pour conduite aléatoire.
Ensuite les festivités se poursuivent par une expérience "scientifique": Nous cherchons à voir comment l'eau tourne à l'Equateur et quand change-t-elle de sens en se vidant dans l'évier de la cuisine?
Comme il y a peu de vagues et de vent on peut la réaliser. Pour cela on demande au Capitaine de passer de part et d'autre l'Equateur 6 fois pour bien pouvoir observer le phénomène. Les résultats ne se font pas attendre:
à 0°00'000 S l'eau tourne dans le sens contraire des aiguilles d'une montre
à 0°00'300 S l'eau ne tourne plus, elle semble couler tout droit dans le siphon
à 0°00'450 S l'eau tourne dans le sens des aiguilles d'une montre
Ces résultats n'ont pas encore été publiés dans le Scientific American Journal, mais l'article est en cours de validation!
Heureusement qu'aucun bateau des coast-guards n'a suivi notre sillage, sinon on aurait eu un retrait de permis pour conduite aléatoire.
Ce qu'on s'est bien amusé. Et aux enfants de demander un peu plus tard: "C'est quand qu'on le repasse l'Equateur?"
Après 8 longs jours de traversée nous arrivons en vue de la première île de l'archipel des Galapagos, l'île de San Cristobal. Le bateau a été nettoyé dans les moindres recoins. Les fruits et légumes qui nous restent, pelés, congelés ou cuisinés. Les WC babord sans cuves à eaux noires ont été fermés, en gardant que ceux de tribord qui ont une cuve de rétention. Le certificat de fumigation obtenu à Panama, ainsi que le certificat de nettoyage des coques et l'attestation de la présence d'un bac de rétention des eaux usées sont prêts pour les officiels allant venir inspecter le bateau à l'arrivée.
Huaras avait bien nettoyé la coque aux îles Perlas, mais après cette traversée, des algues ont repoussé. Alors il décide de nettoyer encore la coque au grand large avant d'arriver. Je suis un peu inquiète qu'il se mette à l'eau dans une eau riche en requins! On affale les voiles et se met à la cape. On met des aussières dans l'eau le long du bateau à cause du courant et Huaras muni de sa bouteille de plongée frotte la coque durant une petite heure en se tenant aux aussières. Je suis chargée de faire le guet au cas où il y aurait des ailerons dans les parages! Le travail est très pénible à cause de la houle. Même petite, celle-ci ne simplifie pas le travail de nettoyage. Sans parler que les quelques mollusques et algues diverses enlevées de cette façon peuvent attirer quelques grands poissons intéressés... Donc, j'ouvre l'oeil. Et tout ce passe bien.
Tout ça pour que nous n'ayons pas de problèmes avec les officiels lors de l'inspection à l'arrivée. En effet ils sont très tatillons sur la propreté des coques des bateaux et récemment ils en ont renvoyés plusieurs au large pour qu'ils nettoient mieux leurs coques. Tout ceci pour éviter qu'on apporte des espèces invasives qui pourraient proliférer. Nous comprenons cette démarche, mais espérons seulement que pareilles mesures s'appliquent à tous les bateaux, cargos y compris et pas seulement aux plaisanciers. Sur ce dernier point nous avons quelques doutes.
Huaras avait bien nettoyé la coque aux îles Perlas, mais après cette traversée, des algues ont repoussé. Alors il décide de nettoyer encore la coque au grand large avant d'arriver. Je suis un peu inquiète qu'il se mette à l'eau dans une eau riche en requins! On affale les voiles et se met à la cape. On met des aussières dans l'eau le long du bateau à cause du courant et Huaras muni de sa bouteille de plongée frotte la coque durant une petite heure en se tenant aux aussières. Je suis chargée de faire le guet au cas où il y aurait des ailerons dans les parages! Le travail est très pénible à cause de la houle. Même petite, celle-ci ne simplifie pas le travail de nettoyage. Sans parler que les quelques mollusques et algues diverses enlevées de cette façon peuvent attirer quelques grands poissons intéressés... Donc, j'ouvre l'oeil. Et tout ce passe bien.
Tout ça pour que nous n'ayons pas de problèmes avec les officiels lors de l'inspection à l'arrivée. En effet ils sont très tatillons sur la propreté des coques des bateaux et récemment ils en ont renvoyés plusieurs au large pour qu'ils nettoient mieux leurs coques. Tout ceci pour éviter qu'on apporte des espèces invasives qui pourraient proliférer. Nous comprenons cette démarche, mais espérons seulement que pareilles mesures s'appliquent à tous les bateaux, cargos y compris et pas seulement aux plaisanciers. Sur ce dernier point nous avons quelques doutes.
Voici le fameux rocher de Leon Dormido devant l'île de San Cristobal. On est arrivé et on se réjouit de découvrir cet archipel à la faune légendaire. La géologie déjà ne nous déçoit pas.